Une idée communément admise est que les footballeurs seraient tous, ou en large majorité, millionnaires. Ils n’y auraient que des joueurs exilés fiscaux, que des joueurs imbus d’eux-même. C’est faux, voici pourquoi.

Les patriotes fiscaux, de gentils millionnaires

D’abord, il y a une première catégorie, avant même d’aborder les salaires réels des joueurs. C’est le côté patriote fiscal. En effet, on a souvent l’image de footballeurs qui trichent avec le fisc. Ainsi, pour ne pas faire de jaloux, je vais nommer deux joueurs, l’un du Real de Madrid, l’autre du FC Barcelone. Il s’agit bien évidemment de Cristiano Ronaldo et de Lionel Messi. Ces deux joueurs ont fait l’objet récemment de redressements fiscaux. La question est : pourquoi a-t-on l’impression que c’est le cas de tous les joueurs ? Et bien tout simplement, parce que ces joueurs sont ultra-médiatisés, et que, forcément, ces affaires font beaucoup plus de bruit. Forcément, cela contente les gens de savoir que « bouh, les footballeurs ne sont pas gentils ». Mais même Poutou ne tombe pas dans cette diabolisation. En effet, il déclarait :

La question ne tient pas au fait que les joueurs soient payés, mais tout ce système, emblématique du capitalisme qui accompagne son développement : le mercato, les agents de joueurs, les constructions de stade pour le seul bénéfice du BTP, etc. C’est hyper-destructeur.

Mais certains joueurs sont des patriotes fiscaux. C’est à dire qu’ils payent leurs impôts dans leur pays de naissance, alors que la fiscalité du pays dans lequel ils évoluent est plus rentable. Par exemple, au contraire d’Olivier Giroud, Karim Benzema paye ses impôts en France. Pourquoi ? Par attachement à son pays d’origine. Ils sont peu nombreux à le faire, mais il faut le mettre en avant. Dans la même veine, le père d’Odegaard avait refusé de faire des montages financiers pour le transfert de son fils. Premier point, donc, pour dédiaboliser le salaire des footballeurs.

Une forte précarité

Les footballeurs, comme tous les travailleurs, connaissent la précarité. Ainsi, 45% des footballeurs professionnels gagnent moins de 1 000 dollars par mois. Soit sensiblement moins que le SMIC. Il n’y a donc pas que des millionnaires. Parmi les footballeurs pros également, 41% connaissent des retards de paiement. C’est à dire que seulement 58,7% sont payés à temps. Alors que 13,8% le sont dans un délai d’un mois, 19,4% entre 1 et 3 mois, 5,6% entre 3 et 6 mois. Encore pire, 1,7% entre 6 et 12 mois. Le 0,8% restant n’est lui soit jamais payé, soit payé dans un délai supérieur à un an. Pour une profession qui ne comporte que des millionnaires, c’est quand même bizarre.

De plus, la précarité se manifeste aussi au niveau des contrats. Par exemple, un joueur ne reste en moyenne que 23 mois dans un club. Moins, donc, que les CDD les plus long dans le droit français. Et en plus, 29% des joueurs sont transférés entre deux clubs contre leur volonté. Ces chiffres se basent sur 54 pays, et 14 000 joueurs. Ce qui garantit donc une certaine véracité des propos.

Voilà pour ma rapide entreprise de dédiabolisation des footballeurs. Ils ne sont pas tous millionnaires. La large partie d’entre-eux « galèrent ». Plus tous ceux qui échouent dans les centres de formation, sans autre savoir que le football. Alors, quand vous entendrez des critiques sur les salaires des footballeurs, ressortez ces chiffres.

 

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)