Je vous propose aujourd’hui de découvrir une excellente interview de Karim Mokeddem, entraîneur de Lyon la Duchère. Nous sommes pour celle-ci une plateforme. Etant relativement longue, je ne vous propose ici que des morceaux choisis mais vous pouvez la retrouver en intégralité en cliquant ici..
Propos recueillis par Hugo Hélin et Rodolphe Koller pour Le Libéro Lyon.
Karim Mokeddem a été entraîneur adjoint aux Minguettes, puis entraîneur principal. Il a eu le même parcours à Lyon la Duchère, dont il est aujourd’hui entraîneur en National.
Ça a aidé par rapport au vestiaire d’avoir été numéro 2 ?
Il y a eu une continuité. On avait un mode de fonctionnement où je faisais les entraînements la semaine et Jean-Christophe faisait l’équipe et avait la main sur le match le week-end. Après, comme on dit, c’est plus facile de se séparer d’une personne que de vingt-cinq personnes. C’est souvent comme ça. Je sais que ça m’arrivera peut-être un jour. J’espère pas, mais quand on prend le job, on sait très bien qu’on a une date d’entrée connue mais que la date de sortie est inconnue. C’est vrai que, cette année-là, on était quasi relégables, on avait trois points d’avance sur Montceau, le premier relégable. Et on a fait une série de sept matchs sans perdre, des nuls à l’extérieur et victoires à la maison, pour recoller au peloton de tête.
On s’est remis à jouer la montée puis, dans la même semaine, on fait un gros match à Épinal, qui était leader avec six points d’avance sur nous, sans gagner malheureusement (0-0), et derrière on perd contre la réserve de l’OL, ou plutôt contre Nabil Fekir, puisqu’il est impliqué sur deux des trois buts qu’on encaisse. C’était malgré tout une belle saison.
La Duch’ pratique un football en audacieux 3-4-3 cette saison en National.
Cette année on ne ressent pas ce côté plus travailleur, on a l’impression que vous n’avez jamais fermé le jeu.
Ce n’est pas parce qu’on est très travailleurs qu’on n’est pas joueurs. Lundi encore, ils ont fait la gueule parce qu’on a fait deux heures de séance. Ils savent très bien que quand j’ai pas ce que je veux à l’entraînement, je ne regarde plus l’heure. Et j’insiste beaucoup sur le jeu. Si on est très travailleurs, c’est justement pour pouvoir être plus joueurs. Pour pouvoir répéter les efforts, pour pouvoir mettre en place notre fond de jeu.
L’idée, c’est donc clairement de se baser le jeu…
Il y a deux ans, on a failli descendre en CFA2. L’été est arrivé et j’ai eu la chance de faire mon recyclage DEF à Paris. On a beaucoup échangé avec les formateurs et les autres participants. Quand je suis rentré, j’ai fait mon propre bilan. Quand l’équipe est au bord du gouffre, c’est que l’entraîneur a mal fait certaines choses. Je me suis mis dans le bureau, seul face à une feuille blanche. Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je ne veux pas ? J’ai commencé par ce que je ne voulais pas. Et ensuite j’ai commencé à écrire tout ce que je voulais.
Le projet de jeu écrit est sorti. Il fait dix pages exactement, c’est pas énorme mais c’est dix pages qui séquencent bien l’état d’esprit, ce qu’on doit faire quand on a le ballon, quand on n’a pas le ballon, quand on attaque, quand on défend… J’ai essayé d’être le plus précis possible et, à partir de là, on a décliné toutes les séances d’entraînement à partir de ce projet de jeu, ainsi que la constitution du groupe. Pour pouvoir jouer comme ça, il faut avoir tel ou tel type de joueur. Ça a été un long travail, mais ça a été positif. Ça a déjà payé l’année dernière, on est montés en faisant des beaux matchs. C’est paradoxal, mais je pense qu’on est encore plus joueurs en National qu’en CFA.
Et le changement de système avec ce passage à trois derrière en 3-4-3 a été causé par quoi ?
On sortait du titre de meilleure défense et meilleure attaque de la poule de CFA. Et au bout de 10 matchs, on était une des plus mauvaises défenses de National. Il fallait trouver des solutions, on a analysé avec le staff toutes les occasions concédées et les buts pris. On a vu qu’il y avait souvent un manque de densité dans l’axe. Il fallait renforcer notre axe. On s’est rendus compte que nos deux latéraux, que ce soit Salim Moizini, Hatim Sbaï ou Jean-Martial Kipré, s’expriment bien dans ce système, en prenant bien le couloir.
Au milieu de terrain, Hamadi Ayari et Matthieu Ezikian ont un peu trusté les places dans ce système même si Abdel Malik Hsissane, Alphousseyni N’Diaye, qui a moins joué cette année, Jason Ranneaud, qui était blessé, et Nicolas Suchet ont le niveau pour jouer. Je pense d’ailleurs qu’ils vont jouer sur la phase retour. On a aussi un Farid Talhaoui avec ses jambes de 20 ans et un Sofiane Atik qui marche bien. En pointe, Cédric Tuta a eu un microbe en début d’année, a été un peu blessé ensuite et a pris 5 matchs de suspension. Pour moi, sa saison n’a pas encore démarré, et il est déjà à quatre buts malgré tout !
C’est une influence ce côté espagnol ?
Si je commence à dire que j’ai des influences, ils vont dire que j’ai pris la grosse tête ! On est tous bercés par certaines choses, par certains courants. En France, j’aime beaucoup la méthode Gourcuff, sur la répétition, la rigueur tactique. C’est un mentor en France sur les aspects tactiques. Il ne déroge pas du 4-4-2, je suis un petit peu plus souple. On essaye de prendre de tous les grands entraîneurs. Le pressing de Bielsa, la maîtrise de Guardiola, la rigueur tactique de La Volpe. Il est moins connu celui-là, enfin moins connu des non-footballeurs mais les footeux le connaissent.
Notamment son travail sur la relance…
Oui voilà : lui, c’est la relance. C’est la possession du ballon et toujours être en supériorité numérique pour relancer le ballon, ne pas rendre le ballon à l’adversaire. Donc voilà, on essaye de suivre certains courants et puis après on essaye de mettre sa touche personnelle. C’est important.
C’était pas décevant de voir Bourg devenir club partenaire de l’OL ?
Non, pas du tout, c’est logique. Bourg est en Ligue 2.
Retrouvez l’intégralité de l’interview sur le site du Libéro Lyon
Plateforme : Hugo Hélin et Rodolphe Koller