Arrivé cet été au Paris Saint-Germain, Unaï Emery est annoncé comme l’entraîneur qui marquera le début d’une nouvelle ère. Fini les conférences de presse relous et les 3-5-2 de Laurent Blanc, place à la folie et à l’accent chaleureux du coach latino.
3 novembre 1971 à Fontarabbie, le petit Unai Emery Etxegoien vient au monde. Issu d’une famille passionnée pour le football (fils et petit-fils de joueurs espagnols), il est destiné à pratiquer ce sport et va faire de son rêve une réalité. Il évolue au poste de milieu de terrain et c’est la Real Sociedad qui lui offre un premier contrat professionnel en 1990…pour pas grand chose puisqu’il ne jouera que 5 matchs avec le club basque, pour un but. Quand un joueur ne perce pas au plus haut niveau, il part prendre de l’expérience un échelon plus bas et c’est ce que fait Emery. CD Toledo, Racing de Ferrol, CD Leganes et Lorca Deportiva sont les clubs qui vont donner lui donner sa chance, mais dans lesquels il ne fera pas une carrière à la hauteur de ses espérances. Il termine sa carrière de joueur dans le dernier club cité, en 2004, suite à une blessure importante au genou.
Cette blessure est peut-être la meilleure chose qui lui sera arrivé dans sa vie de footballeur, puisque ce qui va suivre a tout d’une véritable success story.
La même année que sa blessure, Unaï est désigné comme coach du Lorca Depotiva : il a seulement 33 ans. Le club est en train de couler au classement et donne comme objectif à son nouvel entraîneur de se maintenir en 3e division espagnole. Une première expérience qui ressemble déjà à un vrai test pour lui…un test qu’il va réussir parfaitement. En effet, sous sa houlette, Deportiva est sur-motivé et va arriver à combler son retard : une place en play-offs de promotion, puis une montée emmène ce club si récent (2002) en seconde division. Son âme de meneur d’hommes commence à être très visible dans les alentours, et une belle carrière d’entraîneur semble lui être promise. L’année suivante, Emery termine cinquième de la Liga Adelante avec cette équipe, avant de partir vers un nouveau défi… à Almeria.
Nous sommes en 2006 donc, et l’espagnol démarre avec les Rojiblancos. Dès sa première saison, il va encore une fois prouver ses talents de coach et de chef de troupe : le club est promu en Liga BBVA (l’élite) après avoir acquis une belle deuxième place. Son jeu offensif fait d’Almeria une belle équipe à observer, elle terminera meilleure attaque du championnat. Direction première division et Unaï Emery commence à devenir un nom très célèbre en Espagne : une huitième place de BBVA en 2007-2008 avec un des plus petits budgets fait de lui l’un des meilleurs tacticiens du pays. Son bilan en 4 ans de pratique est de 73 victoires, 36 nuls et 45 défaites à la tête d’équipes qui n’ont jamais été favorites pour une montée ou même une place en milieu de tableau. Un grand club espagnol va alors lui confier la place d’entraîneur : il s’agit de Valence. L’ascension continue de manière impressionnante pour un personnage qui, 4 ans plus tôt, venait d’arrêter sa carrière de joueur en 3e division.
Nous sommes donc en 2008. Valence découvre Unaï Emery. La première saison est loin d’être exceptionnelle, mais le club recherche avant tout de la stabilité : le Valence CF est alors dans une période assez dure et sa situation financière est compliquée. Au niveau national, Emery atteint la 6e place en championnat et un quart de finale en Coupe du Roi, mais son parcours européen s’arrête dès les seizièmes en Europa League. Mais en tant que fou du travail et du football, Unaï ne se satisfait pas de ceci, ce qui va se voir la saison suivante. En effet, Emery nous prépare en 2009-2010 une superbe saison et monte (presque) au sommet de la Liga : une belle troisième place (derrière les deux intouchables) synonyme de phase de poules de Ligue des Champions. La folle histoire de « Maitre Unaï » prend une nouvelle ampleur avec l’arrivée dans sa carrière de la plus grande compétition de clubs au monde. La même année, Valence se hisse en quart de finale d’Europa League, avant de se faire éliminer par le futur vainqueur, le voisin de l’Atlético de Madrid.
6 ans désormais que sa carrière d’entraîneur a démarré, et chaque année il crée la surprise…mais pourra-t-il faire mieux que sa saison passée ? Pas le temps de se poser la question : il faut travailler. Encore et encore. Comme le disais Joaquin, l’un des nombreux joueurs coachés par le basque, « Il est hanté par la football, c’est presque une maladie« . Propos confirmé par lui-même au journal El País, dans lequel il explique qu’il décortique jusqu’à 5 matchs de foot par jour, afin de trouver des idées pour améliorer son jeu.
Le périple d’Emery continue, et Valence termine encore sur le podium la saison suivante, malgré les départs importants des deux David : Silva et Villa. Toujours avec un jeu très offensif, Emery est en train de consolider sa place d’excellent coach. Malgré tout, Emery n’a toujours rien dans son palmarès…vous l’aurez compris, il s’agit là encore d’une motivation supplémentaire pour se remettre au boulot. Pour sa première expérience en Ligue des Champions, le tacticien emmène ses hommes en huitièmes de finale (défaite contre Schalke 04). Une saison qui fait encore progresser Emery, qui n’a que 40 ans à ce moment-là. Jamais 2 sans 3, Valence va à nouveau terminer à la troisième place en championnat la saison d’après. La stabilité recherchée par les dirigeants quelques années plus tôt est trouvée, d’autant plus que le club va atteindre les demi-finales d’Europa League (suite à une troisième place en phase de poules de LdC). L’été 2012 marque la fin du chapitre Valence pour l’espagnol. Place au…Spartak Moscou. Pas besoin de parler de cet épisode : Emery est licencié après quelques mois, le club étant alors en période de crise.
En janvier 2013, Unaï fait son retour en Espagne : le FC Séville l’accueille après avoir viré Michel. Situation assez ressemblante à celle de sa première saison en tant qu’entraîneur puisque Séville se morfond à la 12ème place. La deuxième partie de championnat est plutôt bien gérée et va emmener les sévillans vers l’Europa League en finissant…9ème. Un peu de chance sur ce coup, puisque l’exclusion de Malaga et du Rayo Vallecano des compétitions européennes ont permis ceci. Lors de l’été suivant, le FC Séville exprime son projet : devenir un très bon club européen. Pour ceci, la direction va lier Monchi (en tant que directeur sportif) à Emery. Un duo qui va faire les belles heures du club puisque les années suivantes seront couronnées de succès avec notamment 3 Europa Leagues de rang. Pour le reste, Unaï va faire du Unaï : sa personnalité séduit l’Espagne et l’Europe, alors que certains doutent de ses capacités dans les matchs de Ligue des Champions. Il est qualifié dans la ville comme un « Dieu vivant », et ce ne sont pas ses joueurs qui vont contredire ceci, ceux-ci saluant tous ses techniques de management dès que ce sujet est abordé.
En tous cas, ce ne sont pas les Qataris, à la tête du PSG, qui font partie de cette catégorie. Les ambitieux dirigeants lui font confiance et l’invitent à venir remplacer Laurent Blanc, pour le bonheur des supporters parisiens. Après presque une moitié de saison, le bilan du basque est contrasté : une troisième place en Ligue 1 et une qualification peu satisfaisante pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions. Ce n’est pas encore l’heure du bilan, laissons donc le temps faire.
A 44 ans, Unaï Emery est encore un jeune coach, mais déjà très expérimenté : sa progression ne s’arrête plus depuis plus de 10 ans, et toujours avec les mêmes mots qui reviennent sur sa personnalité : Le travail, la folie et le beau jeu. Un personnage qui est donc le bienvenu dans notre championnat parfois tristounet. Kick.