Jeune défenseur central argentin, Emanuel Mammana a rejoint l’Olympique Lyonnais cet été avec une réputation déjà très forte dans son pays natal. De sa plus petite enfance à son dernier match face à Guingamp, portrait d’un joueur mais aussi d’un homme pas comme les autres.
Février 1996 à Merlo, Emanuel Hernán Mammana voit pour la première fois le monde. Les vingt années qui vont suivre seront des plus émouvantes, et originales. Très jeune, le petit Emanuel connaît déjà les dures réalités auxquelles il faut parfois faire face durant une vie. A peine âgé de 6 ans, sa mère décède. Il vit donc avec son père et c’est quelques années après qu’il commence à jouer au foot. En 2004, Mammana est repéré par River Plate, qui l’intègre dans son centre de formation. Sa technique et sa vision du jeu font déjà de lui un joueur prometteur. Malheureusement, un nouveau drame va survenir : son père meurt à son tour 7 ans plus tard, alors que son fils n’a que 15 printemps. Orphelin alors qu’il n’est même pas encore majeur, « Ema » souhaite tout arrêter : il ne veut plus entendre parler du football.
Dans une interview pour le site de la FIFA, le joueur déclare : « Après la mort de mon père, je ne voulais plus jouer au football. Alors, mes amis du centre de formation de River, les dirigeants et ma famille m’ont beaucoup aidé. Grâce à eux, je n’ai pas abandonné ce que j’aime faire. Je savais que je devais donner le meilleur pour lui rendre hommage, expliquait-il. Depuis que j’ai perdu mes parents, River est ma deuxième maison. C’est grâce à ce club que j’en suis là aujourd’hui« . Une déclaration qui a de quoi faire lâcher une petite larme. Tout cela ne s’arrête pas au terrain mais bien plus loin : le football l’a accueilli.
Destiné à rendre hommage à son père par le football, l’argentin va tout mettre un œuvre pour réaliser une grande carrière. Ce dernier va effectuer toutes ses classes à River et en équipe nationale d’Argentine avant de rejoindre le groupe pro du club de la capitale pour la première fois en 2014. Mais encore une fois, rien ne va se passer classiquement pour le crack…En juin de la même année, il est appelé avec l’équipe nationale argentine (suite à une blessure de Javier Mascherano) : ceci à quelques semaines de la Coupe du Monde et alors qu’il n’a joué aucune minute en Pro dans son club. « J’ai reçu un appel. Je pensais que c’était une blague de mes amis. Mais dix minutes après, je suis au téléphone avec Sabella, qui me convoque pour le match. Je suis resté totalement muet » annonce-t-il, toujours pas habitué des rebondissements à ce moment-là de sa carrière.
C’est l’explosion pour Ema, qui va battre un record la même année avec son club de River Plate. Son club est alors qualifié pour la finale de Copa Sudamericana (#RIPChapecoense), il devient le plus jeune joueur de son histoire titularisé dans une finale internationale. Il n’a que 18 ans lors de cet événement et dédie ceci à ses regrettés parents dans un tweet. Son talent va se confirmer au fil des mois et le pays croit de plus en plus au joueur pour devenir le futur patron de l’Albiceleste. Entraîneur lors du passage en réserve de Mammana, Gustavo Zapata le décrit : « J’en ai vu passer, mais celui qui m’a le plus impressionné, c’est Mammana. On l’appelait Federer, parce qu’il ne se décoiffait pas, il ne se salissait pas quand il jouait. Il joue avec une telle qualité technique. Ariel Ortega l’a parfaitement décrit : C’est un meneur de jeu qui joue libero, ou défenseur central. Il faudra beaucoup de temps avant que River ne ressorte un joueur avec ce talent« . Imaginez donc le poids sur les épaules d’un homme qui aura toujours rencontré des difficultés durant sa vie. Mais la roue tourne, et le jeune défenseur central en bénéficie : de nombreux clubs européens le suivent et notamment l’Atlético Madrid. River estime son prix à 15 millions d’euros mais se trouve dans de fortes difficultés financières ce qui le contraint à le brader. 2016, Emanuel Mammana signe du côté de l’OL pour 7,5M€, le club voit en lui un potentiel gigantesque. Il devient très vite l’un des chouchous du Parc OL.
Ses qualités ? Comme l’expliquait Zapata plus haut, il a une excellente technique pour un défenseur (il avait commencé milieu offensif), ce qui peut servir dans certains moments. Demandons à l’intéressé : « Parfois, il faut balancer pour ne pas mettre l’équipe en danger, mais j’essaie de ne jamais le faire. Ça m’énerve, car c’est offrir le ballon à l’adversaire. Le football est bien plus beau lorsqu’il est joué au sol. J’aime sortir le ballon proprement ». La recherche de la propreté donc pour l’individu, qui nous fait penser à un autre défenseur de l’OL parti cet été…Manu est également très intéressant dans l’intelligence de jeu, et particulièrement dans les interceptions. Il est toujours devant ses adversaires et ce n’est pas un hasard.
Une pépite qui a donc rejoint la Ligue 1 cette saison, et qui ne peut faire que du bien au football français (et au football en général). Un gars qui a connu la dureté de la vie, et qui la fera connaître à ses adversaires.
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